Dans de nombreuses régions de France, la complicité de quelques uns se fait par la préservation d’un patrimoine linguistique. Il s’agit d’entretenir une tradition et non de marquer des exclusions, ou de créer une différence en pointant l’étranger. C’est un jeu, un jeu parfois vécu très sérieusement. Voici un peu de vocabulaire de la Yaute :
- Arbate : rien à voir avec le personnage de la pièce Mithridate, de Jean Racine, nommé Arbate. En savoisien ou savoyard, “arbate” signifie “de travers”. On pourra l’utiliser indifféremment pour dire que “l’économie mondiale va arbate” ou qu’après avoir bien arrosé la fondue d’une bonne mondeuse, d’une Chèvre ou d’une forte quantité de Coteaux d’Evian, “on marche arbate.” (cf. Express)
- Arpitan : l’arpitan ou francoprovençal est l’une des trois langues du groupe linguistique gallo-roman, parlée en France, en Suisse et en Italie. Il a des traits communs avec la langue d’oïl et l’occitan, avec des influences des langues germaniques et italo-romanes.
- Brossu : mal coiffé
- Carnotzet (carnotset) : cave aménagée en Haute-Savoie pour déguster les alcools et les vins, en toute discrétion et amitié : c’est le nom de la toute nouvelle société qui va commercialiser le “Vin des coteaux d’Evian” en septembre 2015.
- Combe : vallée en flanc de montagne
- Crozets : petites pâtes carrées au sarrasin
- Décapadiot : humoristique pour désigner quelqu’un de dégingandé, c’est-à-dire un grand qui pourrait décrocher les diots (petites saucisses à base de porc ou d’âne) qui ont séché, pendu au plafond.
- Diot : petite saucisse cuisinée au vin blanc (article à venir)
- Féra : poisson typique du Léman
- Gaffe : passage abrité comme les traboules de Lyon
- Gôgnes (Faire des gôgnes) : faire le difficile
- Gorgeon : gorgée d’alcool
- Gouappe : n.f. ivrogne, se dit de quelqu’un qui ne sait pas s’arrêter de manger
- Gougnafier : personne qui fait un travail bâclé
- Grolle : chaussure à laquelle on boit le vin à tour de rôle
- Lauze : pierre plate taillée pour les toitures
- Mollard : colline ronde
- Monchu : le mot est ironique, voire très moqueur. Il désigne un étranger à la Yaute qui se comporte de manière hautaine, un “monsieur” = un “monchu”. Il a été attribué, aux “étrangers”, à ceux qui venaient l’été en vacances, notamment pour des découvertes de toute sorte : eau, raisin, dégustation des vins…
- Nant : ruisseau
- Niouler : pleurer
- Panosse : serpillère
- Passa-franc : raccourci
- Toupin : pot de terre rond. La toupine est une jarre en grés ou en terre vernissée, de huit à dix litres pour conserver des nourritures, graisses, beurre ou saindoux. Certainement de la même étymologie que toupie.
- Touvière : carrière de tuf ou travertin – pierre calcaire – rappel le nom Mur blanc
- Virolet : petit virage sur les routes de montagne
- Yaute : la Haute-Savoie, côté montagneux. On dit “La Yaute”, parce que … ceux qui parlent y mettent des “y” partout où c’est y possible qu’il en manquerait.
Pour en savoir +, vous pouvez notamment commander l’almanach du savoyard
4 commentaires
Pas du tout d’accord avec le dernier point ! Le “y” savoyard (je doute que cela ne concerne que la Haute Savoie) est employé à la place de “le” ou de “la”, quand il est utilisé comme COD placé avant le verbe : j’y fais, tu vas y prendre, il y empile, etc… Cela est une faute de français que nous aimons bien, mais personne ne dirait dans nos contrées “c’est y possible”, car ici le “y” n’est pas COD. Cela relève peut être du patois tourangeau, berrichon ou angevin (à vérifier), mais certainement pas du parlé savoyard !
Quant aux Monchus (terme non péjoratif à l’origine) qui viendraient déguster les vins de la région, j’espère que c’est blague !
Bonsoir, concernant le “Y” de la Yaute, vous n’êtes pas d’accord, mais vous ne dites pas non plus autre chose. Concernant “Monchus”, vous pouvez également vous reporter sur un site de “patois savoyard” qui dit que c’était péjoratif au siècle dernier, et rien que la consonance témoigne du caractère narquois de l’expression. Cordialement
Bonjour,
La définition de “Faire des Gôgnes” (et non pas Faire de gôgnes”) m’interpelle un peu car à mon sens votre définition est incomplète.
Le vieil évianais que je suis (74 ans) a toujours entendu cette expression depuis son plus jeune âge.
Les gens d’ici emploient ce mot pour dire “Faire des manières”
Ainsi donc, si je bois une tasse de thé en levant le petit doigt, je fais des gôgnes.
Amicalement.
J.V
Bonjour
Pourriez-vous me traduire cette phrase : merci
S’TE VU PASSÉ DÉ DJORS IRÔ, BÉ DU CITRE ÈD’L’ENFIANNA
CORDIALEMENT