Evian la pacificatrice à l’heure des 70 ans de paix européenne
Bientôt, il n’y aura que les marques d’un souvenir transmis concernant les guerres de 1939-1945, qui ont fait tant de fronts et tant de morts. Certains ont reprochés aux Allemands d’avoir voulu se venger de leurs défaites répétées. D’autres ont vu plus tard une rupture de civilisation qui, telle la révolution française, devait se faire dans un bain de sang. En fait, jamais les peuples ne sont entrés en guerre : la tradition était que les dirigeants s’affrontaient et utilisaient les peuples pour se départager. Ils jouaient aux dames ou aux échecs avec la vie des autres. Le fatalisme sanguinaire de certains trouve sa raison dans les hoquets de l’Histoire. Mais quand même, nous pouvons observer que pour la première fois dans la civilisation humaine, nous avons su tenir dans un même périmètre sans qu’une guerre soit déclarée.
De plus attribuer les guerres aux peuples, c’est bien de la complaisance envers l’incompétence des dirigeants du moment. Certes, les décisions populaires ne sont guère éclairées, mais aucun peuple ne recherche la mort des siens. Ou plutôt aucune personne ne souhaite pousser les siens devant les armes.
Les monuments aux morts de la cité d’Evian raconte cette perception claire de la guerre. Ils désavouent les décisions belliqueuses. Ils témoignent des conséquences de cette soumission terrible, de ce sentiment d’incompréhension mêlé à cette étrange culture du devoir d’aller se sacrifier, tandis que ceux qui ont provoqué la guerre restent protégés, cachés derrière une faucheuse de vie.
Il y a eu ceux qui sont revenus des fronts, ceux qui sont revenus des camps, et les autres. Il y a eu les fusillés, les assassinés, les meurtris, les torturés. Il y a les morts sans nom et les oubliés. Tous ceux là n’ont plus rien à dire maintenant. Ils sont le passés. Ils ont laissé une histoire à raconter. Pour en apprécier la portée, il faut attendre un peu au même endroit, se poser, penser à un autre, à une autre, en levant le voile de cette inconscience guerrière, en démasquant cette servitude criminelle que les dirigeants savent faire endosser à ceux que la guerre emporte et qui se laissent emporter par elle, esclaves d’un instinct meurtrier qu’ils ne savent contrôler.
70 ans de paix : commémoration du 8 mai 1945
Si le monument mémoriel de la guerre de 1939-1945 est posé à Evian, non loin de la place Charles de Gaulle, celui de la précédente est bien plus illustratif de cette consternante conception de la conduite de la société.
- Monument aux morts de la guerre 1939-1945
- Monument aux morts guerre de 1914-1918 : ici on se souvient ou on cherche à le faire, souvent sans comprendre
- Quatre scène ici. 1/ L’appel de celui qui ne fera pas la guerre
- 2/ Restent ceux qui savent qu’ils sont sacrifiés
- 3/ Les soins illusoires des blessures de vie universellement arrachées
- 4/ La dernière scène est la tienne, lecteur, toi qui est devant ce qui est de toute façon inacceptable et qui risque de t’y soumettre si tu n’y prends pas garde.
Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que notre civilisation a permis de maintenir ici, sur les territoires français et loin en Europe, cette condition de paix. Le constater, c’est aussi se souvenir des risques de dégradation de cette situation extraordinaire encore sur la planète dont l’humanité est une bergère encore peu soigneuse.