L’exercice de la citoyenneté confronte à des déceptions. La colère des uns se réfléchit dans l’indifférence et le mépris des autres.
Régulièrement, notre société traverse des périodes troubles que les dirigeants ont du mal à anticiper autant qu’à endiguer. Ils traitent les contestataires en délinquants et participent ainsi à la surenchère dans les violences sociales, jusqu’à produire des actes qui se fomentent dans la tourbe du désespoir. Les choix politiques sont faits et ne contribuent pas à calmer les plus agressifs de nos concitoyens. Au nom des grands remèdes, la répression est utilisée et les libertés piétinées par ceux-là mêmes qui devraient les préserver. L’émotion étant plus forte que la raison, nombre de citoyens se laissent convaincre par des discours justifiant la protection d’intérêts qui ne sont pas ceux du plus grand nombre. Et le pire, c’est que, plus que jamais, la plupart des élus n’accomplissent pas les missions pour lesquelles ils ont obtenu leur mandat.
Face à la tendance répressive et sécuritaire qui l’emporte au détriment de tous, la liberté n’est jamais acquise. Elle est autant une affaire d’héritage que de projet et ne se négocie pas. Dès lors qu’elle est malmenée, le projet lui-même est compromis.
Depuis des décennies, la productivité des personnes est ce qui est valorisé dans les écoles et les entreprises au détriment du bien et mieux-vivre ensemble. Il en va d’une question de sens de la vie. Nombre de citoyens ne se retrouvent pas dans les quêtes de productivité et de rentabilité et sont de fait exclus.
Quand la vie est une affaire marchande, faut-il s’étonner qu’elle perde sa valeur pour ceux qui ont peu d’espoir dans ce qui est présenté comme l’expression de la réussite ? Si la chose commune, la res publica, est animée dans une dynamique d’exclusion, faut-il s’étonner qu’elle produise des violences ?
Eduquer, sans se lasser
Les notions fondamentales qui devraient animer le pacte social et fonder la sécurité, sont négligées. La réponse est dans l’éducation à savoir vivre ensemble et librement. Les élus doivent reprendre une (re)lecture de l’allégorie de la caverne de Platon : elle leur donne une feuille de route pour l’action pédagogique en faveur des libertés et depuis des siècles les jeux de la finance ont été identifiés comme contraire à l’intérêt social et démocratique.
Nous pouvons ainsi nous rappeler qu’en 1793, la Convention française avait voté l’éducation laïque obligatoire, parce qu’elle consiste à favoriser une meilleure compréhension du monde ; c’est, par delà tout ce que nous pouvons croire, donner un sens à la vie, un sens nécessaire à chacun.
Il semble utile de rappeler que les valeurs de la démocratie vont avec l’entretien de ces principes : éducation, solidarité et laïcité pour la liberté, l’égalité et la fraternité. Dans cette ambiance politique, la place des élus n’est pas sur le terrain des mesures privatives de libertés, de la création des adversités et de restriction du dialogue en faisant croire à des urgences qui n’en sont pas, mais sur celui de la promotion de l’Education et de la préservation de la Liberté.