Hôtel Splendide ou Splendid Hôtel, Evian-les-bains

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1850 - environ) Evian vue du Léman sur l'église - il y a l'hôtel des bains qui deviendra le Splendide. Il n'a encore que deux ailes

1859 ou après – (environ) L’hôtel des bains, avec ses deux ailes est en arrière plan. On distingue aussi un bateau qui crache une fumée noire au loin. L’aquarelle est difficile à dater.

L’hôtel Splendide aura été un monument extraordinaire à Evian-les-bains. Sa construction date de 1839. Il a été l’Hôtel des bains – propriété de la Société Cachat – puis, en 1853 après agrandissement, il prend une aile supplémentaire et devient « Le grand hôtel des bains » ; en 1898, il est baptisé « Le Splendide » et inauguré en plein mois de juillet.

La famille Cachat n’est plus dans l’affaire depuis longtemps. Elle l’a lâchée en 1827. Quant à François Fauconnet, il n’en fait plus partie depuis 1834. Des banquiers sont aux commandes. Bientôt, c’est l’un des principaux acteurs de la banque de France, Alfred André, qui s’implique et apporte un concours financier déterminant pour le développement de la société des eaux et la renommée mondiale de la source Cachat.

Les relations d’Alfred André sont déterminantes. Il est également président de la Société de chemins de fer de Roumélie. Il est aussi administrateur du Paris Lyon Méditerranée PLM. Il fait tout en sorte de mener le train jusqu’à Evian. Le projet aboutit.

En 1880, la gare d’Evian est construite.

En 1882, le PLM s’arrête dans la station thermale qui est dotée de deux arrêts, l’un à la gare officielle, l’autre à proximité de l’imposant hôtel.

Pour faciliter les déplacements de la clientèle, le Splendide est doté d’un moyen de transport, le Patache. Même si son nom est synonyme de transport peu confortable, ce premier tramway est très apprécié. Il est lancé en 1898 et arrêté dix ans plus tard, lorsque le funiculaire entre en service.

Cette même année 1898, l’architecte Ernest Brunnarius conduit la surélévation et l’agrandissement du Grand Hôtel des Bains qui devient l’Hôtel Splendide. Deux ans plus tard, en 1900, c’est lui qui conduit les travaux de la Manutention de la source Cachat.

Sa position géographique, son gigantisme, sa présence qui s’imposait juste en arrière scène de la ville écrin du Léman, ses jardins, sa proximité avec la fabuleuse source qui attire tant de monde encore, tout un environnement ajoutait à cette construction majestueuse.

L’hôtel splendide est rasé en 1983. La raison évoquée par la société des eaux est que cette construction menaçait la source sur le terrain de laquelle il avait été posé. Exploit de l’architecture, ce paquebot n’avait pas de fondation. Les coûts d’une mise aux normes étaient aussi si élevés que la démolition pouvait en effet être plus économique.

 

En détruisant cet hôtel, la société des eaux a provoqué des rancoeurs. La nostalgie concernant ce bâtiment qui s’imposait face au Léman, tel un tableau de maître, crée encore des discussions animées parmi les Evianais. N’était-ce pas l’hôtel des gens de lettre qui sont venus ? N’était-ce pas aussi celui de notoriétés politiques qui venaient passer quelques jours de la belle saison ? Et c’était aussi un rendez-vous pour des artistes. Le show-biz y aurait, parait-il, pris plus volontiers ses quartiers qu’au Royal.

La Société des eaux aurait ainsi fait une grossière erreur en démolissant cet hôtel. Le Splendide portait cette marque qui le reliait plus que tout autre à la source de l’Histoire Cachat et à la vie intellectuelle de la fin du XIX° et début XX° siècle. Il a été lié à l’Histoire républicaine, ce qui est l’opposé du Royal.

Parmi les visiteurs, Sébastien Buet, patron de l’hôtel des Cygnes, insiste pour signaler Marcel Proust, qui a soutenu Dreyfus dès les premières heures. Il rappelle aussi qu’en juin 1899 Marcel Proust rejoint ses parents, M. le docteur et Mme Adrien Proust, à Evian. Mme Proust y vient soigner son embonpoint avec trois verres de la douce eau de la source Cachat. Entre un hôtel à Amphion et le Splendide, Marcel – qui a 28 ans, souffre d’asthme et fume beaucoup trop – n’hésite pas beaucoup, il choisit le Splendide. Entre plusieurs chronique locale, l’auteur de la “A la recherche du temps perdu” commence un roman autobiographique auquel il ne posera pas le point final, Jean Santeuil. A Evian, Marcel fréquente notamment le prince de Brancovan et sa soeur, Anna de Noailles. Après avoir quitté Venise, il revient une dernière fois à Evian au Splendide, en septembre 1900.

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A propos de l'auteur

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